Archeologies |
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Alors périt toute chair qui se meut sur la terre. Oiseaux, bestiaux, animaux sauvages, tout ce qui grouille sur le sol et tous les hommes. Sumer et Babylone ne purent l'oublier. Puis la vie reparut et la vie à nouveau s'épanouit sur la terre. A nouveau, les empires se succédèrent. Les hommes recommencèrent à creuser, à changer en briques la terre des fossés pour élever des villes. On dressa des autels dans des salles obscures, sur de hautes terrasses, pour conjurer le sort. Mais le monde finit encore. Les uns après les autres, les palais s'éteignirent et les guerriers de bronze périrent sous les cendres. Des rivages crétois aux pentes de Santorin, de Mycènes aux échelles du Levant et des portes de Thèbes aux vieux remparts de Troie, les Rois passèrent. Ruinés, ensevelis les édifices où fermente l'oubli. Les temps se mêlent, voilés par la Légende, et l'on situe l'Elam à mi-chemin du Songe et de la Barbarie. Ulysse voit les corps là-bas reposant dans leurs tombes, allongés sur le flanc, les jambes repliées, une main sous la joue, l'autre étendue le long du corps, un corps très grand au crâne déformé, peint en ocre. Au carrefour des âmes du Nord et de Sumer, endormis dans le vent, les cadavres attendaient, pour tout recommencer, que les dieux leur fissent signe. Sophie Khan, Journal de Voyages. Villa Medicis, 1993.
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